Aout 2019

Aujourd’hui 12 août l’équipe se scinde en deux. Gilles, Bernard Rados et Dalibor vont faire l’escalade et plonger la suite de la rivière de Vodena. Line, Claude et moi poursuivons la route jusqu’à l’entrée du tunnel routier de Cemerno.

En 2018, Rados a fait découvrir à Gilles et Line cette résurgence en rive droite de la rivière Musnica. Gilles s’était immergé en maillot de bain dans l’eau à 8°C du siphon. Une reconnaissance en apnée lui avait permis d’entrevoir la suite.

Nous garons le fourgon à l’entrée du tunnel et rejoignons le sentier qui suit la rivière. Les explications de Gilles sont succinctes mais suffisantes : « vous remontez la rivière jusqu’au porche. Le siphon à plonger est au bout de la grotte ». Nous marchons une petite demi-heure pour atteindre le porche très végétalisé. Un vaste tunnel encombré de gros blocs remonte sur 40 mètres. Là un effondrement de la voûte forme un aven à ciel ouvert. La rivière souterraine continue sur 50 mètres jusqu’au siphon. Nous déposons le matériel à proximité et je m’équipe pour plonger. Line et Claude font des photos du spectaculaire tunnel.

Le siphon est vierge de toute trace. Il ressort au bout de 20 mètres  et la suite semble exondée. Je pose donc le matériel de plongée et continue ma visite. La galerie part vers le Nord-Ouest puis oblique vers le Nord-Est. J’avance dans l’attente d’un obstacle pour faire demi-tour. Rien de significatif ne ralentit ma progression. Je m’arrête finalement devant un amas de blocs d’où sourd la rivière.  Il semble possible de passer par-dessus mais on reviendra voir demain. Au retour je compte mes pas pour estimer la distance parcourue. Je l’évalue à 500 mètres . À mi-parcours un affluent actif rejoint la rivière en rive droite. À revoir aussi demain.

A l’extérieur je retrouve Line et Claude en pleine séance photo. Nous abandonnons les blocs dans la vasque du siphon. Nous retrouvons nos collègues à mi-chemin. Ils nous aident au portage. Pour eux aussi à Vodena la journée a été fructueuse. Nous partageons une bière à l’ombre de la futaie.

Le lendemain nous nous retrouvons à  nouveau devant le siphon. Gilles et moi pour les relevés topographiques et Claude pour les photos. Pour éviter d’apporter plus de matériel nous franchissons le siphon avec deux scaphandres pour trois. La technique est peu académique mais suffisante pour un siphon de 20 mètres. Nous avançons. Nous topographions avec laser-mètre et compas. Gilles note les relevés. Claude photographie la grotte et les topographes.

De station en station nous arrivons au terminus. Au niveau de l’eau un gros bloc forme une voûte mouillante étroite. Nous grimpons au-dessus après une courte escalade. Un passage dans la trémie donne accès à l’eau. Par là aussi la suite est étroite mais pas impossible. Nous décidons que ce sera notre terminus pour cette année. Nous devons encore voir l’affluent rive droite au retour.

Nous atteignons la galerie affluente par une courte escalade. Après une progression facile celle-ci bute sur un siphon amont faiblement actif. Il faudra revenir une autre fois avec des scaphandres.  Avant de rentrer nous terminons par la topographie du gros tunnel.

Après avoir rejoint les véhicules et nos collègues nous prenons la piste vers l’Alpin Haus, en pleine montagne.  Ce soir nous avons rendez-vous avec nos amis de Gacko pour fêter ces découvertes. Le lendemain nous partons vers la vallée de la Neretva.

Une bonne surprise viendra quelque temps après notre retour en France. Je reçois un message de Dino Dianovszki. Il a vu nos photos et le report topo de la cavité de Cemerno sur un groupe Facebook. Il a lui aussi exploré et topographié cette même cavité en 2017. Nous sommes heureux de ce nouveau contact et nous espérons pouvoir échanger et collaborer avec cette équipe britannique.

Jean Pierre Stefanato